Jeunesse ardente
Jeunesse ardente
Ô Compagnon
Je te vois à la dérive
Vers des cataractes horribles
Plongeant vers la Mort
Le courant si fort
De cette vie qui t’emporte
Nage à contresens
Résiste à sa force
Ne te laisse pas
Submerger
Bats-toi
Jusqu’à
L’ultime
Effort
Noies-toi s’il le faut
Tu ne te laisseras sombrer
Qu’à l’heure
De la vieillesse
Que dans cette mer
Impitoyable
Chaque vague
Blanchie d’écume
Soit un écueil
À franchir
Vois tout
Comme un obstacle
Surmontable
À combattre
Que le moindre lien
Soit perçu
Comme des chaînes
À briser
Ô Compagnon
Si tes forces te quittent
Si tu vois ton feu
Perdre de sa chaleur
Prends un tison
Et frappe-le
Jusqu’à ce que
De la braise
Rejaillisse la flamme
Ou bien frappe
Jusqu’à ce que
Ton foyer
Meure
Ne te laisse pas enchaîner
Ne te laisse pas emporter
Ô Compagnon
Ta vie
Ton temps
Sont à toi
Avant que l’Âge ne prenne
Ton corps
Avant que les adultes ne défigurent
Ton âme
Tue ta jeunesse
Ne la laisse pas
Aux prises de leurs mains
Ne les laisse pas
La capturer
Brûle-la tant qu’il est
Encore temps
Brûle donc ta vie
Avant que les jours sombres
Ne l’obscurcissent
Qu’elle soit comme
Une chandelle
Flambant des deux côtés
Avant que ta voix
Ne soit étouffée
Hurle et explose
Pareil à une fleur de flamme
Pareil à un feu d’artifice
Ô Compagnon
Que ta fin soit grandiose
Après une existence brève
Pareille à une étoile
Filante
Avant que la raison
N’emprisonne tes sens
Prépare une grande fête
Là tu t’enivreras
Là tu flamboieras
Là tu feras des sacrifices
À ta déesse
La fougueuse Jeunesse
Vivez des orgies ardentes
Toi et tes amis
Sacrifiez-vous
Dans le feu
Dans le sang
Dans le vin
Ô mes Compagnons
Buvons et brûlons
Dans cette nuit inoubliable
Hallali de nous-même
Demain, l’Aurore aux doigts de rose
Balaiera nos cendres