Le Masque de la Mort Rouge

Publié le par Mélisande

Le Masque de la Mort Rouge

 

        En des temps incertains, dans des contrées lointaines,

Le pire des fléaux terrestres sévissait,

Qui, âmes de pauvres gens, sans pitié raflait.

C’était la Peste Rouge, et son masque de haine.

 

        Comme le paysan fort qui fauche les blés,

De sa main décharnée elle ôtait toute vie,

Tant et si bien qu’après ses odieuses saisies,

Dans les entrepôts les cadavres on entassait.

 

        Mais un Prince superbe et hardi la défia:

Après avoir d’un geste dédaigné ses peurs,

Méprisant les tableaux de ces régions en pleurs,

Dans une abbaye avec amis s’enferma.

 

        Vêtus de somptueux costumes et de beaux masques,

Ensemble commencèrent le plus grand des bals,

Emmurés à jamais dans une austère salle,

Commettant la plus osée de toutes les frasques.

 

        Ainsi débuta la plus sinistre des fêtes.

Les corps enlacés dansaient lascivement,

Puis l’on se mit à tournoyer passionnément,

Cette folle mascarade tournait les têtes.

 

        Cependant, au fil des danses, au fil des heures,

En un coin vieille horloge égrenait le Temps,

Et figeait les gens à chaque perle d’instant,

Ses coups insinuant une indicible peur.

 

       Puis reprenait la pathétique bergamasque,

Le rythme se fit de plus en plus entraînant,

Tel le Poison dans les veines insidieux coulant,

Ils furent gagnés par une folie fantasque.

 

        Mais à l’heure intermédiaire entre jour et nuit,

De la pendule fut plus fort le tintement,

Dans son ombre un masque rouge se découvrant,

La Mort Écarlate introduite sans un bruit!

 

        Pris d’hystérie, tous alors tentèrent de fuir,

Vain effort, puisque s’étaient eux-mêmes assiégés!

Au Prince, qui, du sort commun s’était caché,

La Mort s’adressa, en grimaçant un sourire:

 

        « Où espères-tu donc aller, mon fier amant?

Si aux lois du Plaisir volontiers t’es plié

Les miennes désormais tu devras accepter .»

Au matin qui vînt, l’aube était rosée de sang.

Publié dans Poèmes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article