La Panne
La Panne
Quoi, qu’est-ce que tu as encore? De quoi, comment ça, j’ai mis du temps? Mais je mets le temps que je veux, c’est mon blog à ce que je sache, je publie quand je veux, c’est la moindre des choses, nan? Des… des quoi? Des explic… mais pourquoi je devrais m’expliquer à la fin? Je publie pas régulièrement, ça t’embête, ça m’embête pas, point barre, l’affaire est close. Non mais arrête de me regarder comme ça, c’est pas possible d’être rancunier à ce point. Je fais pour Môssieur de beaux articles gratos et Môssieur voudrait une plus grande régularité… tu sais ce que je lui dis, au Môssieur, moi? Non je ne lui dis pas d’excuses. Oh et puis zut, je vais te la donner la raison, comme ça tu me laisseras tranquille.
Figure-toi que pour t’offrir des poèmes, je dois tout d’abord les écrire. Oui, je sais que tu le sais, mais tais-toi et laisse-moi continuer. Mais pour écrire un truc, il faut savoir quel est le sujet, ou l’idée du truc à écrire. Mais oui, je sais bien que c’est logique, toute mon explication est logique, c’est pas parce que je n’ai pas fait math sup comme certains que je raisonne mal. Bon tu la veux mon explication, oui ou m**** (bah oui, je censure, y a peut-être des enfants qui lisent qu’est-ce que vous croyez)?
Et donc, pour savoir quel truc écrire, il faut trouver son idée. Et comment on fait, dans ce cas? Ahaaaa… on fait moins son malin maintenant, hein? Et bien cette idée, on la trouve grâce à l’inspiration. Oui, l’inspiration. Ça te dit quelque chose ça au moins? Mais si, tu vois, cette force mystique qui frappe de plein fouet le poète solitaire, comme le vent divin enveloppe le chêne centenaire, et lui insuffle toutes la sève des idées et les mots du lendemain, de l’espoir, de l’avenir… ok, je sens que t’es un peu paumé, là. Bon, disons que l’inspiration t’aide à aller assez loin dans l’âme pour trouver les idées… mouais, t’as un peu de mal encore… bon, si t’as pas d’inspiration, tu peux pas aller bien loin, compris? Oui, un peu « comme l’essence », on voit le pragmatique qui sommeille en toi.
Mais là tu m’as donnée une bonne métaphore, mais non, n’aies pas peur, mais si, tu vas comprendre. Donc pour partir à la chasse aux idées je vais dans des contrées assez lointaines. Je prends ma jeep-poète qui carbure exclusivement à l’inspiration et hop là, me voilà partie. Et alors que je commence à voir au loin les silhouettes des idées, panne sèche. En plein désert. Imagine mon désarroi! Mais non, je n’ai pas réellement été dans un désert, t’es dur à la détente, toi. Seulement moi, je suis dévouée, tu vois. Alors j’ai pris mon appareil photo et j’ai pris des clichés d’idées qui se baladaient peinardes à l’horizon, puis je suis rentrée chez moi à pied. D’accord, j’étais déjà chez moi puisque ça se passait dans ma tête, mais tu vois un peu le topo. Donc ensuite, j’ai passé ces clichés dans un décodeur spécial qui allait en faire des mots et par extension des poèmes. Ce décodeur, ça s’appelle le talent. Oui Môssieur, j’ai du talent, non Môssieur, je n’ai jamais affirmé être modeste. Je suis une artiste, môa. Et donc, j’ai mis ces clichés au décodeur. Mais là, problème. Le décodeur, il a besoin d’idées vivantes et précises, pas de photos d’idées floues. Ben oui, c’est comme un naturaliste qui veut étudier un spécimen. Il préférera avoir sous les yeux un vrai spécimen plutôt qu’une photo pas nette du dit spécimen. Ah, déjà je vois que ça te parle mieux cette image. Et tu comprendras donc qu’avec une photo ratée mon décodeur ne peut pas composer rapidement un beau poème. Le résultat vient donc en retard. Voilà toute l’explication.
D… De quoi? « Pourquoi j’ai eu une panne sèche »? Mais mon coco, c’est que le poème d’avant, j’avais dû aller très loin pour trouver son idée, et donc j’ai vidé mon réservoir d’inspiration comme un verre de vodka. Qu…Quoi? J’aurais dû « refaire un plein par sécurité »?! Mais mon pauvre vieux, au prix où que c’est l’inspiration, rouler en jeep-poète